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Cette page cite un vieux texte de 1992 expliquant ce
qu'est un Amiga.
Elle compléte ainsi mes deux pages sur DosUAE et UAE avancé ainsi que ma nouvelle page sur WinUAE Alain Thellier, Paris, France, Février 2000
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L'Amiga de Commodore occupe une place à part dans l'histoire de la micro-informatique. Bien qu'il ne se soit jamais imposé comme une alternative aux grands standards que sont PC et Mac dans les domaines traditionnels et ''rentables'' de la micro, il s'exprime pleinement dans les applications graphiques et vidéo, ce qui lui vaut de disposer de nombreux programmes 3D de qualité. Alors qu'en 1985, le haut de gamme de la micro-informatique professionnelle était représenté par I'IBM PC-AT, et que le concept novateur du Macintosh était encore loin de convaincre les entreprises, la sortie de l'Amiga a constitué une révolution technologique que l'on ne peut s'empêcher de comparer à celle, plus récente, du Next. L'Amiga 1000 disposait dès la fin 1985 d'une palette de 4096 couleurs, alors que l'affichage courant sur le PC-AT était à la norme EGA (16 couleurs parmi 64), et que le Macintosh était encore strictement monochrome. Son processeur 68000 était identique à celui de l'ordinateur d'Apple, mais la grande nouveauté était l'intégration sur la carte mère de copossesseurs spécialisés dans la gestion du son, du graphisme, et de l'animation. L'Amiga 1000 offrait de plus un système d'exploitation réellement multitâche, caractéristique totalement inédite pour l'époque, et qui fonctionnait dans 512 Ko de mémoire vive ! Ces capacités étonnantes permettaient déjà au premier Amiga 1000 de compiler un programme, de jouer un morceau musical sur le synthétiseur intégré, d'afficher en temps réel une animation et de télécharger un fichier en tâche de fond, le tout simultanément. Pourquoi l'Amiga n'est-il pas devenu un standard ? Les raisons en sont simples. En premier lieu, les logiciels ont mis longtemps à arriver. Ensuite, l'Amiga n'était pas compatible PC, ce qui a fait peur à de nombreuses entreprises, pour lesquelles le plongeon dans l'inconnu représentait un risque inacceptable. De plus, les premières moutures du système d'exploitation étaient assez instables, avec des risques de plantage beaucoup plus élevés que sur les PC. Enfin, et c'est peut-être la raison la plus essentielle, peu d'utilisateurs avaient besoin d'une telle machine : le terme multimédia n'existait même pas, et l'Amiga 1000 (environ 20000 francs), dont le prix était trop faible pour être crédible par les professionnels et trop élevé pour les particuliers, ne connut le succès qu'auprès des passionnés et des infographistes d'avant-garde. Il est facile de faire un parallèle entre l'Amiga et le Next, tellement les points communs sont nombreux : avancée technologique, rapport qualité-prix intéressant mais coût absolu relativement important, segment du marché trop petit, scepticisme des entreprises. Force est de constater qu'il est de plus en plus difficile de s'écarter des standards. Rien ne permet cependant de dire que l'évolution du Next sera semblable à celui de l'Amiga, et nous arrêterons donc les comparaisons à ce stade. L'évolution de la gamme Amiga a subi un tournant décisif en 1987, avec la sortie des modèles 2000 (figure 9-1) et 500 (figure 9-2). Ces deux machines sont toujours en vente aujourd'hui dans des versions rajeunies, ordinateur ce qui démontre leur potentiel évolutif. L'Amiga 500 est un principalement destiné aux loisirs. Doté d'un 68000 à 7.09 Mhz et des mêmes coprocesseurs que son ancêtre l'Amiga 1000, il concentre l'unité centrale et le clavier dans un boîtier unique. 11 est avant tout destiné au marché familial, même s'il peut être étendu de façon significative par des périphériques externes (disques durs, extensions mémoire). L'Amiga 500 Plus, sorti fin 91, bénéficie des améliorations apportées au jeu de copossesseurs et intègre en mémoire morte (ROM) le nouveau système Kickstart 2.0. Il est livré avec 1 Mo en standard contre 512 Ko pour le modèle 500 de base. Même si l'on peut s'initier à l'image de synthèse sur un Amiga 500 à peu de frais, le modèle 2000 est à recommander en raison de ses possibilités d'extension. D'autre part, n'oublions pas qu'un ordinateur dédié à des applications 3D doit être capable de fonctionner sans interruption et sans défaillance pendant des jours ou des semaines entières pendant les longs calculs d'animations. Or, l'Amiga 500 est dépourvu de ventilateur. Le boîtier plus spacieux du modèle 2000 semble donc mieux adapté à limiter d'éventuels problèmes de surchauffe Le 2000 est le prototype de l'ordinateur tout-terrain. La configuration de base est relativement modeste (68000 à 7.09 Mhz et coprocesseurs tout comme l'Amiga 500), avec un boitiez plus spacieux type PC contenant 7 conteneurs d'extension et un connecteur Direct CPU dont le principe est similaire à celui que l'on trouve sur les Macintosh (accès direct aux signaux de l'unité centrale pour y connecter une carte accélératrice). 11 est possible par ce biais de gonfler un 2000 jusqu'à le transformer en monstre protéiforme capable de soutenir les charges CPU les plus lourdes. Le modèle haut de gamme de la lignée Amiga est actuellement le 3000,doté en standard d'un 68030 à 25 Mhz (i1 existe aussi un modèle à 16 Mhz dont la diffusion est confidentielle). Il se présente dans un bottier compact, et concentre sur sa carte mère 1a plupart des extensions nécessaires : nouvelles versions des copossesseurs, contrôleur SCSI intégré, 2 Mo de mémoire en standard extensibles à 18 Mo sur la carte mère, et bus 32 bits. 11 est livré avec un disque de 50, 100 ou 200 Mo, avec des configurations AmigaDos ou Unix 5.4. Notons que les composants mémoire reconnus sont au choix des composants Page Mode ou Statif Column Dram, ces dernières étant (en principe) plus efficaces car utilisant le mode Burst du 68030. Le 3000 dispose aussi d'un slot processeur, destiné à accepter des cartes à base de 68040. Il existe une version tour de l'Amiga 3000, référencée 3000T, mais dont la diffusion reste encore limitée. L'Amiga 1000, nous l'avons dit, disposait dès sa sortie de coprocesseurs évolués. Avantage, une puissance de traitement graphique qui dépassait tout ce qui se faisait à l'époque. Inconvénient leur intégration à la carte mère et leur originalité ont fait de l'Amiga une machine à part, très ''hardware'' dans sa conception, et donc plus rigide à développer tout le contraire du Macintosh. Conséquence logique ses circuits graphiques ont très peu évolué depuis 5 ans, et sont aujourd'hui dépassés dans certaines applications, notamment en ce qui concerne la gestion de la couleur. Les résolutions supportées en interne par les circuits graphiques de l'Amiga sont les suivantes: - 320 x 256 et 320 x 512 en 32 couleurs parmi 4096
A ces résolutions de base s'ajoute le mode Half Bright, qui offre 64 couleurs (les 32 premières couleurs + 32 demi-teintes) en 320 x 256 et 320 x 512. Ce mode est déjà une curiosité, mais que dire du HAM (Ho1d and Modify), qui code la palette de 4096 couleurs sur 6 bits au lieu des 12 bits nécessaires pour gérer normalement une palette libre de cette taille. L'astuce consiste à utiliser les 4 premiers bits pour coder 16 registres libres, et à utiliser les deux autres bits pour traduire une variation de l'une des composantes RVB d'un pixel à son voisin. On n'a donc pas accès individuellement à chaque couleur, mais la couleur d'un pixel donné dépend directement de celle de son voisin de gauche. Cela signifie que si la couleur d'un pixel est stockée dans l'un des 16 registres libres, on peut le manipuler sans contraintes. Si le pixel situé à sa droite ne correspond pas à un registre libre, on n'a que le droit de faire varier la composante rouge, ou verte, ou bleue entre les deux. Autrement dit, il faut trois pixels pour passer du noir (0-0-0) au blanc (15-15-15) si ces valeurs ne font pas partie des registres libres. Vous pouvez maintenant avaler un cachet d'aspirine. L'avantage du mode HAM est de consommer moins de mémoire et de pouvoir archer simultanément les 4096 couleurs en moyenne résolution, au prix d'une grande complexité de programmation et le risque d'avoir des bavures à l'affichage si les registres libres sont mal choisis. Ce mode HAM est typique des ''bidouilles'' de tous genres que l'on a vu fleurir sur Amiga ces dernières années. En 1991, ces astuces ne sont cependant pas suffisantes pour prétendre à une qualité optimale. Pour passer à la vitesse supérieure, on a donc recours à des cartes d'extensions vidéo dont nous parlerons plus loin. Notons que le nouveau whippet disponible sur le 3000 offre de nouveaux modes graphiques malheureusement peu intéressants pour l'image de synthèse, car ils mettent l'accent sur la résolution ou sur la stabilité d'affichage mais au détriment de la couleur. L'Amiga présente la particularité d'afficher la haute résolution en mode entrelacé. Cela signifie que les lignes paires sont affichées après les lignes impaires, produisant un effet de scintillement mais permettant d'avoir une fréquence d'affichage compatible avec le balayage vidéo (15.75 Khz). Cela explique en partie pourquoi l'Amiga est si bien adapté aux applications vidéo. Dans la même optique, il est possible d'afficher en overscan, autrement dit sans bordures autour de l'écran. La définition monte alors à 768 x 576 points, le standard au format PAL en vidéo professionnelle. Si le mode entrelacé est utile dans certains cas, il en est d'autres où le manque de stabilité dû au scintillement est particulièrement gênant. Cela concerne tous les travaux de bureautique, mais aussi de modélisation en 3D. Pour obtenir un affichage stable en haute résolution ù partir d'un Amiga 2000, la solution consiste à brancher un bicher fixer (carte d'extension comportant un circuit de stabilisation d'affichage, intégré d'office à la carte mère de l'Amiga 3000) dans le slot vidéo approprié et à le connecter à un moniteur multisynchrone. La gestion des disques durs est très similaire à ce qui existe sur Macintosh, grâce à l'adoption de la norme SCSI. Les mêmes disques externes SCSI qui équipent le Macintosh peuvent donc être connectés à un Amiga. Seul le modèle 3000 dispose d'un contrôleur de disque dur intégré à la carte mère. L'Amiga 500 est extensible à l'aide de boîtiers contenant disque dur et carte contrôleur qui se connectent sur le bus externe situé sur le côté de la machine. Sur l'Amiga 2000, ce sont des cartes d'extension internes qui remplissent cet office. L'offre de Commodore pour le 2000 consiste en une carte contrôleur dénommée A2091. Le système d'exploitation de l'Amiga (Amiga/os 2.0) se caractérise par un vrai fonctionnement multitâche préemptif, comme sous Unix ou OS/2 2.0, et au contraire de Windows ou du multi-finder du Mac. Cela signale que chaque programme s'alloue lui-même le temps CPU dont il a besoin, variable d'ailleurs selon son activité. Un logiciel 3D peut calculer en tâche de fond pendant que l'on modélise avec un autre produit, et l'utilisateur peut régler précisément les priorités d'accès de telle ou telle application. Cette caractéristique remarquable fonctionne sur toutes les machines de la gamme. Dans un système non-préemptif, le temps CPU est simplement partagé une fois pour toute entre les applications d'une manière axe (par exemple 100 ms pour l'application principale et 50 ms pour une tâche d'arrière-plan), ce qui est beaucoup moins souple. Un utilisateur chevronné d'Amiga et disposant d'une configuration assez puissante travaille de façon similaire à ce qui se pratique sur station de travail : beaucoup d'applications tournent simultanément, ce qui procure en pratique un important gain de productivité, au prix d'un effort d'apprentissage plus important au début. L'interface utilisateur de l'Amiga mélange l'aspect souris-fenêtres-menus
avec une interface de commande en ligne accessible à travers des
fenêtres Shell, et gère simultanément plusieurs écrans
logiques de définitions différentes. Si les capacités
de l'interface purement graphique sont un peu moins transparentes que ce
qui se fait sur Macintosh (1e système n'est par exemple toujours
pas francisé), la possibilité de mixer les deux types d'interface
est un gage de souplesse évident dès que l'on commence à
maîtriser la machine. De manière générale, maîtriser
le maniement d'un Amiga demande un peu plus de travail à l'utilisateur,
mais le jeu en vaut la chandelle.
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